dimanche 2 novembre 2014

ENTRETIEN AVEC JEAN CHRISTOPHE CHABANNE ( 2 )






LA FIN DES ILLUSIONS







J. C. Chabanne

Les deux tomes de Shimon de Samarie auront signé en 2005 une sorte de retour de Michel Rouge dans le monde de la BD ?


M. Rouge
Je voulais en finir avec le contemporain en B.D. Je désirais revenir dans notre passé, comme à l’époque des « Ecluses », mais en Orient cette fois. J’avais alors un projet sur l’Inde qui aura mis finalement beaucoup de temps à se réaliser, mais entretemps, Maximilien Chailleux des Humanos m’a fait rencontrer Fred Le Berre pour un projet sur l’antiquité (juive en l’occurrence), et ça m’a plus tout de suite. Non parce que c’était l’antiquité juive mais parce que c’était l’antiquité tout court. Ça m’intéressait de voir ça en bande dessinée, avec un petit nuage quand même : une enquête policière menée par un “inspecteur rabbin”, à cette époque, est plutôt improbable. Il y avait bien sans doute une sorte de « police » comme dans toutes les civilisations traditionnelles, mais certainement pas d’enquête, au sens moderne, sur la mort d’un homme quelconque. Cet aspect me déplaisait un peu mais j’ai pris du plaisir à dessiner cette histoire à cause du climat de cette époque. Il y a eu trois tomes, mais le problème, c’est que ça n’a pas vraiment pris auprès du public. Mes lecteurs habituels (ceux de Comanche, de Marshall Blueberry etc.) n’ont pas suivi. Je vais même vous raconter une anecdote savoureuse : après la sortie du troisième volet, j’interroge Fabrice Giger, le directeur des Humanos, pour déplorer qu’on n’ait eu aucun écho intéressant dans la presse spécialisée BD, ni aucune répercussion dans une certaine revue, dont j’ai oublié le nom, connue pour être sous obédience de la communauté juive ; et, il m’a répondu « Oui, oui, nous les avons contactés mais ils n’ont pas voulu donner suite parce que les auteurs n’étaient pas juifs ! » J’imagine, en toute logique, que ces gens là s’imposent la même réserve à l’égard des auteurs juifs qui dessineraient des “histoires non juives”…passons. Dans le second tome, il y a de longues séquences qui se déroulent dans la tribu des Esséniens où Le Christ a, dit-on, passé du temps avant les trois années de son Ministère messianique. J’avais dû reconstituer, dans le cadre de l’enquête menée par Shimon, un monastère essénien à partir de quelques documents, ce qui m’avait pris du temps. Mais cette reconstitution n’a pas même pas intéressé les chrétiens dont je n’ai vu aucun compte rendu, à l’exception d’une intervention très élogieuse de Guy Lehideux sur Radio-courtoisie ! Moi qui suis totalement allergique au nationalisme sous toutes ses formes, c’est piquant, non ?... Côté distribution, le travail des Humanos a été à peu près inexistant. On ne voyait l’album nulle part. La série est passée complètement inaperçue.




J. C. Chabanne

Comment vous avez travaillé sur ces albums ?

M. Rouge
Le premier tome a été entièrement encré à la plume et au pinceau, mais les tomes deux et trois ont été finalisés au crayon. Je procédais par photocopies, j’envoyais le montage de la page à la photogravure et ça me revenait comme des planches noir & blanc ordinaires, il n’y avait plus qu’à mettre la couleur comme dans le procédé habituel. Depuis, pour Kashmeer, je fais un crayonné définitif que je saisis directement dans Photoshop pour le traitement du trait et de la couleur. Sur le plan du scénario, j’ai découvert en Le Berre un compagnon de travail très agréable, ouvert et acceptant facilement les améliorations sur les dialogues, alors même que son talent de dialoguiste est déjà nettement supérieur à la moyenne.

J. C. Chabanne

Les deux albums de Shimon de Samarie sont aussi signés à la dernière planche Corentin Rouge.

M. Rouge
Oui, c’est mon fils qui a fait les couleurs, il m’a aidé aussi occasionnellement pour le dessin. Maintenant c’est un auteur de bande-dessinée à part entière ; il vient de terminer un album de la série « XIII » dont la sortie est prévue pour 2015.






(A SUIVRE)…




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